Si l’on commençait par savoir de quoi l’on parle vraiment, ça veut dire quoi « self-défense » ? Je vous propose ici d’approfondir un peu le sujet en reprenant les termes en français et en anglais.
- En français :
Dans le Petit Robert édition 2019, le mot self-défense n’est pas répertorié comme faisant partie de la langue française. Vous y trouverez tout de même une référence au mot self qui signifie « soi-même » et qui correspond en français à auto. Quand on parle de self-défense, on parle donc en français d’autodéfense.
Définition d’autodéfense du Petit Robert : « Défense de soi-même par soi-même contre un agresseur, sans faire appel aux services de sécurité, à la police »[1]
Pour le Larousse de Poche, encore une fois pas de terme self-défense mais le terme français autodéfense : « Action de se défendre par ses seuls moyens »[2]
Pour le Larousse en ligne, même constat : on nous renvoie au vrai terme français autodéfense : « défense assurée par soi-même, par un groupe, sans faire appel aux services de sécurité, à la police »[3]. Cette définition est légèrement plus précise car ici on parle de se défendre à plusieurs.
Dictionnaire Hachette : encore une fois pas de self-défense mais une définition de l’autodéfense : « Défense assurée par ses propres moyens. »[4]
Toutes ces définitions restent assez vagues car absolument rien n’est précisé sur la façon de se défendre, ni contre qui. Contre son conjoint ? contre un terroriste ? contre un groupe de jeunes ? contre une femme ? contre un homme drogué, alcoolisé ? contre un patient hystérique ? Contre son papa ? Contre une cliente énervée ? contre des parents d’élèves ? contre une tentative de viol ? contre un harcèlement ? contre des menaces verbales ? contre des insultes ? contre une gifle ? contre une arme ? contre un couteau ? contre une arme à feu ? contre un plaquage au sol ? contre un plaquage au mur ? contre un étranglement ? contre une saisie ? Rien n’est précisé et il y a en réalité autant de questions que d’apprenants.
Nous remarquons que le terme combat n’est pas une seule fois nommé dans la définition française.
- En anglais :
Puisque le terme anglais est utilisé de préférence, voyons la définition anglaise.
Self defence : « 1. protection of yourself either by fighting or discussion 2. The skill of fighting without weapons to protect yourself »[5] definition qui une fois traduite donne : « 1. Protection de soi-même soit par le combat ou la discussion 2. L’habileté à se battre sans armes pour se protéger ».
En français, la notion de combat n’est absolument pas évoquée. En Anglais, elle fait partie de la définition. En sachant que chaque apprenant a un objectif tout à fait personnel, l’instructeur doit le prévenir du style choisi pour cet apprentissage (autodéfense seule ou autodéfense et combat = self défense selon la définition anglaise…).
C’est un point que tout instructeur doit savoir et doit expliquer à ses apprenants car ils ne sont pas supposés connaître un lien qui ne va pas de soi dans leur langue. Ce lien entre « se défendre » et « apprendre à combattre » existe dans une autre langue et peut-être dans vos connaissances culturelles personnelles de combattant, mais le futur adhérent complètement novice ne les a pas, lui, des connaissances culturelles de combattant…
Ainsi votre discours de début d’année ou à chaque nouvelle inscription, en particulier concernant les personnes avec handicap, les enfants et adolescents, les femmes, les personnes de plus de trente ans qui n’ont jamais fait de sport et/ou souffrants d’un syndrome post-traumatique, ne doit pas mettre en avant spécialement la notion d’autodéfense : « tu vas apprendre en sécurité, je ne te mettrais jamais de but en blanc en combat sans préparation, tu peux me faire confiance… » pour ensuite s’orienter principalement sur le sport de combat le reste de l’année : « comment ça, tu chiales au premier combat contre Golgoth militaire de 20 ans ?! Pfff il faut rester chez soi si on ne veut pas apprendre, dehors ça sera pire !! » (oui, oui phrase entendue…)
Il est vrai que le discours rassurant pour attirer femmes, enfants, personnes en situation de handicap, peut permettre d’obtenir des adhérents mais dans ce cas, il est mensonger. Un instructeur fait attention à ne pas mélanger l’envie d’augmenter le nombre d’adhérents de son club et le respect des objectifs annoncés, et ce, tout au long de l’année…
S’il souhaite que ses adhérents combattent, c’est tout à son honneur, mais l’adhérent lui a le droit de savoir exactement ce qu’il l’attend et de choisir le club qui lui convient en fonction de ce qu’il recherche sans jugement de valeur.
Et ce dès le début d’année.
[1] Petit Robert éd. 2019 p. 183
[2] Larousse de Poche éd. 2019 p. 59
[3] Source Internet : larousse.fr
[4] Hachette de Poche éd. 2019 p. 42
[5] Source internet Cambridge dictionnary